Parti

Les richesses étant soit un agent naturel, soit le fruit du travail des générations passées et présentes, la Charte de Quaregnon affirma, en 1893, qu'elles constituaient le patrimoine commun de l'Humanité et que tout individu ou groupe d'individus ne pouvaient en jouir qu'à des fins d'utilité sociale et dans le but d'assurer à tout être humain un maximum de liberté et de bien-être.

Issu au départ en 1885 du regroupement d'une centaine d'associations ouvrières et démocratiques, le POB (devenu PSB en 1945 puis PS et SP en 1978, et dont le premier Président fut Emile Vandervelde) a toujours voulu rester fidèle à la Charte de Quaregnon, se présentant comme le défenseur de tous les opprimés de nationalité, de culte, de race et de sexe, le tout dans un véritable esprit de solidarité.

Toujours désireux de construire une société plus juste, plus égalitaire et plus démocratique, le PS continue d'actualiser les combats qui lui sont chers, en tenant compte des enjeux de la société actuelle.

1885 : le Parti Ouvrier Belge

Le Parti Ouvrier Belge (P.O.B.) voit le jour en avril 1885. Sa naissance est le résultat d'un lent processus de regroupement de plus d'une centaine d'associations ouvrières et démocratiques. La plupart d'entre elles sont de création récente, mais certaines se présentent toutefois comme les héritières de groupes plus anciens.

Avant 1885, le Mouvement Ouvrier connaît, en Belgique, plusieurs phases déterminantes :

  • dans les années 1840, le travail de précurseurs accompli par de nombreux intellectuels et beaucoup d'artisans avec l'aide d'exilés étrangers, tel Karl Marx ;
  • en 1848, l'effervescence révolutionnaire à l'exemple de la France mais sans lendemain en Belgique ;
  • à la fin des années 1850, la création des premiers grands syndicats ouvriers ;
  • et surtout, dix ans plus tard, celle de l'Association Internationale des Travailleurs (A.I.T.).

Issu en 1885 de la volonté d'organiser toute la classe ouvrière par l'union de ses défenseurs et pour la conquête de réformes progressives, le P.O.B. se construit idéologiquement comme une synthèse des divers courants de pensée socialiste. Cette synthèse sera incarnée par un de ses fondateurs, César de Paepe, puis par le futur Président du Parti, Emile Vandervelde, principal auteur de la Charte de Quaregnon qui sera longtemps le seul texte doctrinal officiel du socialisme belge.
 
Sur cette base, le Parti Ouvrier agit dans plusieurs directions:

  • d'une part, il conduit le difficile combat pour l'égalité politique, en recourant à plusieurs reprises, entre 1890 et 1913, à l'arme de la grève générale;
  • d'autre part, il favorise l'émergence d'un extraordinaire réseau de mutuelles, de coopératives, de groupes culturels et sportifs et de syndicats afin d'améliorer immédiatement le sort de ses adhérents et soutenir l'action politique, menée au sein du Parlement dès 1894.

Forts de leur attitude loyale durant la Première guerre mondiale, les socialistes entrent de plein droit dès novembre 1918 dans un gouvernement d'Union nationale (avec les catholiques et les libéraux) qui se maintiendra jusqu'en 1921. Cette période voit se réaliser un ensemble de réformes politiques, économiques et sociales revendiquées de longue date par les socialistes:

  • suffrage universel pur et simple,
  • liberté syndicale,
  • journée de 8 heures,
  • pension de vieillesse,
  • assurance-chômage,
  • loi contre l'alcoolisme
  • etc...

Sous le nouveau régime électoral, le P.O.B. devient en 1925 le premier groupe de la Chambre et revient au pouvoir, allié à l'aile démocrate-chrétienne du Parti catholique. Cette coalition de gauche ne durera que quelques mois et après une brève tripartite, les socialistes retourneront dans l'opposition jusqu'en 1935.

Face à la crise et à la politique gouvernementale de droite, le P.O.B. passe à l'offensive, en 1934, en se mobilisant sur base du "Plan du Travail" (instauration d'un régime d'économie mixte). Mais ce plan ne pourra être que partiellement appliqué après la rentrée des socialistes au gouvernement, dans une équipe tripartite, en mars 1935. L'année suivante toutefois, tandis qu'un vaste mouvement de grève générale bat son plein, le gouvernement obtient du patronat la semaine de 40 heures dans certaines industries et les congés payés.

Charte de Quaregnon

Résultat d'un travail de commissions installées à Gand, la déclaration de principes et le programme seront discutés au Congrès socialiste de Bruxelles les 25 et 26 décembre 1893 avant d'être adoptés lors du Congrès de Quaregnon (Borinage) des 25 et 26 mars 1894.

Déclaration de principes :

  • Les richesses, en général, et spécialement les moyens de production, sont ou des agents naturels ou le fruit du travail - manuel et cérébral - des générations antérieures, aussi bien que de la génération actuelle ; elles doivent, par conséquent, être considérées comme le patrimoine commun de l'humanité.
  • Le droit à la jouissance de ce patrimoine, par des individus ou par des groupes, ne peut avoir d'autre fondement que l'utilité sociale, et d'autre but que d'assurer à tout être humain la plus grande somme possible de liberté et de bien-être.

La réalisation de cet idéal est incompatible avec le maintien du régime capitaliste qui divise la société en deux classes nécessairement antagonistes : l'une, qui peut jouir de la propriété, sans travail, l'autre, obligée d'abandonner une part de son produit à la classe possédante.

Les travailleurs ne peuvent attendre leur complet affranchissement que de la suppression des classes et d'une transformation radicale de la société actuelle. Cette transformation ne sera pas seulement favorable au prolétariat, mais à l'humanité tout entière; néanmoins, comme elle est contraire aux intérêts immédiats de la classe possédante, l'émancipation des travailleurs sera essentiellement l'œuvre des travailleurs eux-mêmes.

Ils devront avoir pour but, dans l'ordre économique, de s'assurer l'usage libre et gratuit de tous les moyens de production. Ce résultat ne pourra être atteint, dans une société où le travail collectif se substitue de plus en plus au travail individuel, que par l'appropriation collective des agents naturels et des instruments de travail.

La transformation du régime capitaliste en régime collectiviste doit nécessairement être accompagnée de transformations corrélatives :

  • Dans l'ordre moral, par le développement des sentiments altruistes et par la pratique de la solidarité.
  • Dans l'ordre politique, par la transformation de l'Etat en administration des choses.

Le socialisme doit donc poursuivre simultanément l'émancipation économique, morale et politique du prolétariat.
Néanmoins, le point de vue économique doit être dominant, car la concentration des capitaux entre les mains d'une seule classe constitue la base de toutes les autres formes de sa démolition.

Le Parti-Ouvrier réclame:

  • Qu'il se considère comme le représentant, non seulement de la classe ouvrière, mais de tous les opprimés, sans distinction de nationalité, de culte, de race ou de sexe.
  • Que les Socialistes de tous les pays doivent être solidaires, l'émancipation des travailleurs n'étant pas une œuvre nationale mais internationale.
  • Que dans leur lutte contre la classe capitaliste, les travailleurs doivent combattre par tous les moyens qui sont en leur pouvoir, et notamment par l'action politique, le développement des associations libres et l'incessante propagation des principes socialistes.

1945 : le Parti Socialiste Belge

La guerre met fin au P.O.B., que son président Henri De Man (depuis le décès de Vandervelde fin 1938) dissout pour rejoindre les rangs de la collaboration.

Il n'est pas suivi : les socialistes s'engagent en masse dans la Résistance, et du côté wallon, ils réfléchissent pendant l'occupation à une restructuration radicale du mouvement socialiste et de l'Etat belge sur une base fédérale. Cette idée ne sera pas retenue à la Libération. En revanche, les socialistes clandestins l'emportent en 1945 lorsque le mouvement opte pour l'autonomie de ses quatre grandes branches. Les organisations syndicale (FGTB), mutuelliste et coopérative sont désormais indépendantes de l'organisation politique, devenue Parti Socialiste Belge (P.S.B.).

Après le règlement de la question royale et l'éviction du Roi Léopold III sous la pression de la gauche, les années 50' seront marquées par de grands conflits scolaires. Au Parti catholique, seul au pouvoir de 1950 à 1954, favorisant l'enseignement "libre", succèdent en 1954 les socialistes qui s'efforcent ensuite avec les libéraux de "renverser la vapeur" au profit des écoles officielles. Toutefois, il n'est guère question à l'époque de grands acquis sociaux. Les principales réformes économiques et sociales, dont l'instauration de la sécurité sociale, ont été obtenues sous les gouvernements à direction socialiste de l'immédiat après-guerre.

A la fin de la décennie, les problèmes économiques et sociaux reviennent à l'avant-scène quand les points d'ancrage de l'industrie wallonne sont en crise. Parti et syndicat socialistes ont alors un même but, la réalisation de réformes de structures économiques. Les militants wallons y ajoutent le fédéralisme à l'occasion de la grève générale de l'hiver '60 contre un projet de "loi unique" du gouvernement chrétien-libéral.

Tout comme l'affaire royale, la "grande grève" est le révélateur de l'ampleur du problème communautaire et linguistique. Les efforts en vue de régler les tensions communautaires, entre 1961 et 1965, ne conduisent pas à l'apaisement. Dès lors, les socialistes wallons s'orientent encore plus vers la revendication fédéraliste à partir de 1967. Ils contribuent en 1970 à inscrire dans la Constitution une solution de type "communautaire et régionaliste".

1978 : le PS et le SP

Si la Flandre a effectivement obtenu en 1970 l'autonomie culturelle qu'elle souhaitait, la Wallonie n'a eu que la promesse de la régionalisation économique qu'elle réclamait.

Tous les efforts des socialistes francophones tendront au cours de la décennie à la concrétisation de cette revendication, que la crise économique rend encore plus justifiée à partir de 1975. Dans ce contexte, les tensions et les divergences entre socialistes du nord et du sud du pays - comme dans les autres familles politiques - aboutissent à la constitution d'un "Parti Socialiste" et d'un "Socialistische partij" en 1978. C'est l'aboutissement d'une évolution alors en cours depuis quarante ans. André Cools devient le premier président des socialistes francophones. En 1981, il est remplacé par Guy Spitaels qui exercera la fonction jusqu'en 1992, Philippe Busquin lui succédant à cette date. Elio Di Rupo devient président en octobre 1999.

En 1980, un nouveau gouvernement social-chrétien-socialiste fait voter les lois concrétisant la régionalisation. Mais celle-ci n'est encore que limitée. Comme celle de 1970, l'étape de 1980 n'est qu'un pas vers une Belgique fédérale. Il faudra attendre 1988 et le retour des socialistes au pouvoir, après sept ans d'opposition, pour qu'une nouvelle étape soit franchie lors d'une nouvelle réforme de l'Etat qui voit enfin la création de la Région Bruxelles-Capitale. Ce processus institutionnel conduisant à la création d'un véritable Etat fédéral sera poursuivi par le gouvernement socialiste-social-chrétien lors de la réforme en 1993.

Suite aux élections de mai 1995, la même majorité est reconduite avec un programme centré sur les problèmes socio-économiques. Pour le Parti Socialiste, il s'agit de faire de l'emploi la priorité du gouvernement fédéral, notamment par la redistribution et la réduction du temps de travail. S'engageant à maintenir la concertation sociale, l'indexation des salaires et des allocations sociales, le Parti Socialiste se prononce en faveur d'une réforme de la sécurité sociale qui préserve les mécanismes de solidarité entre les personnes et les générations. S'opposant à toute fédéralisation ou privatisation de la sécurité sociale, le PS exige et obtient le financement alternatif qui met à contribution les revenus du capital.

Exprimant leur loyale volonté de faire fonctionner au mieux les institutions fédérales qu'ils ont contribué à mettre en place, les socialistes francophones, tant wallons que bruxellois, réaffirment, lors de leur congrès respectif tenu à Ans, le 9 février 1996, et à Bruxelles, le 16 mars 1996, leur entière solidarité et leur détermination à renforcer l'alliance Wallonie-Bruxelles.

Convaincu par ailleurs de la nécessité d'une Europe forte et unie, le PS a toujours oeuvré en faveur de la construction européenne, facteur de progrès, de sécurité et de paix. Face à la crise économique particulièrement grave et au moment où l'Europe cherche un nouveau souffle, le PS, membre du Parti des Socialistes Européens, réaffirme son engagement en faveur d'une véritable Communauté basée sur la démocratie parlementaire, les droits de la personne et l'Etat social. Considérant que l'espace communautaire ne peut se réduire à un simple marché, les parlementaires du PS exigent tout à la fois la mise en oeuvre d'une véritable politique sociale européenne, l'harmonisation fiscale et le développement de la coopération en matière environnementale.

Le PS aujourd'hui

Le PS a pour objectif de créer le débat, en tous lieux, à chaque instant et de rassembler les forces vives pour faire avancer la société vers un idéal de justice sociale, de solidarité et d’égalité.

Fort de l’engagement de sa base militante et de l’ouverture à l’ensemble des progressistes, il a donc constamment à cœur d’offrir des espaces de rencontres, de paroles, de dialogues afin d’enrichir son action politique et d’enraciner ses combats dans le quotidien des gens.

Ces formidables boîtes à idées qui sont des outils pour repenser le monde de demain, le PS n’a de cesse de les mettre en œuvre et de les rendre accessibles au plus grand nombre. Chacun(e) est le/la bienvenu(e)! Avec pour mot d’ordre "participez !".

La variété et l’étendue des thématiques abordées au cours des réunions, forums, assemblées, débats, colloques, etc., expliquent le succès que ces moments de réflexion politique citoyenne rencontrent et la capacité intacte du PS d’être en phase avec ses valeurs sur toutes les grandes questions sociétales (ex.: l’avenir du système de sécurité sociale, la défense d’un enseignement égalitaire, la protection des enfants dans un univers de consommation, l’emploi, la défense des services publics, la sauvegarde de la planète, etc.).

Le PS a par exemple lancé des « Consultations médicales », avec tous les acteurs de la santé, qui ont permis de renforcer notre expertise sur ces questions fondamentales.

En outre, conscient des enjeux énormes liés aux opportunités, mais aussi aux besoins que fait naître le vieillissement de la population, le PS a mis sur pieds des États généraux des aînés, qui ont rassemblé des milliers de participants à travers la Wallonie et Bruxelles, afin de faire le point sur les défis majeurs qui se posent. En ont découlé de nombreuses initiatives parlementaires et ministérielles pour accroître le bien-être de chacun et promouvoir une société intergénérationnelle.

Chaque année, à la fin du mois d’août ou au début du mois de septembre, les Rencontres d’été du PS rassemblent les militants et mandataires autour d’un thème décliné en de nombreux groupes de travail. Ces dernières années, on y a ainsi traité de l’avenir de l’éducation, de l’associatif, des talents des habitants de Wallonie et de Bruxelles et de la commune au féminin.

L’opération de réflexion collective « Citoyens engagés » a également invité les militants socialistes et, plus largement, les progressistes qui ont souhaité exprimer leur opinion, à trouver des solutions innovantes, sérieuses et progressistes pour répondre aux défis de demain. Plus de 130 questions portant sur des enjeux sociétaux (crise financière et économique, financement de la sécurité sociale, défi du vivre-ensemble, etc.) ont été soumises à un large débat à partir de contributions d’experts. Cette opération a été couronnée de succès partout en Wallonie et à Bruxelles, et a alimenté la réflexion du PS.

Parce qu’un Parti au service des citoyens se doit d’être volontariste et ambitieux, la dynamique du PS est une constante, un engagement permanent. Il faut à la fois faire vivre activement les centaines de sections locales qui regorgent de créativité, et faire circuler l’énergie et les idées des militants dans l’ensemble des sphères du PS.