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Discours de Paul Magnette aux voeux 2023 du Parti Socialiste

De nombreux camarades nous ont rejoints aux voeux 2023 du Parti Socialiste, qui avait lieu au Be-Here ce 19 janvier. Revivez le discours de Paul Magnette à cette occasion. 

De nombreux camarades nous ont rejoints aux voeux 2023 du Parti Socialiste, qui avait lieu au Be-Here ce 19 janvier. Revivez le discours de Paul Magnette à cette occasion. 

Chers amis, chers camarades, beste vrienden;

Je suis évidemment très heureux de vous retrouver pour ces voeux après de surcroit deux années suspendues par la coronavirus et votre présence très nombreuse est à la fois le signe de votre volonté de passer un bon moment de convivialité entre camarades mais, j'en suis convaincu aussi, le signe de votre envie de continuer à combattre.

Je voudrais d'abord vous adresser à titre personnel mes voeux les plus chaleureux. On est là pour ça, après tout, dans une cérémonie de voeux, vous souhaiter la santé, la prospérité, joie et bonheur, et surtout de l'amour. Beaucoup d'amour. On a tous besoin d'amour, on ne peut pas vivre sans.

Il n'y a pas de joie dans l'engagement sans joie dans la vie mais pour nous qui sommes militantes et militants, il n'y a pas de joie dans la vie sans joie dans l'engagement.  Et je forme le voeu que 2023 soit enfin pour nous, militantes et militants, mais aussi pour nos concitoyens, la fin du tunnel. La fin d'un très long tunnel.  Nous avons été très longtemps séparés, isolés, en raison d'une épidémie du covid dont les conséquences humaines et sociales se feront hélas encore longtemps sentir. Nous avons du affronter en Wallonie le drame des inondations lié au dérèglement climatique et alors que nous nous battions pour en sortir, la guerre fut déclarée aux portes de l'Europe avec les drames humains que l'on sait là-bas en Ukraine et je réaffirme toute notre solidarité avec nos amis ukrainiens, et avec les conséquences économiques et sociales que nous subissons ici chez nous. 

Et face à ces vents hostiles, les socialistes n'ont pas faibli. Nous ne faiblissons jamais d'abord, et puis l'on est encore sans doute meilleurs dans l'adversité qu'en temps normal. Et depuis plus de 135 ans nous sommes à coté de celles et ceux qui souffrent et nous protégeons toutes celles et ceux qui subissent les coups du sort. Et malgré les bourrasques, nous avons gardé le cap et je voudrais vraiment vous en remercier parce que depuis 3 ans toutes et tous, militantes et militants, élus locaux, parlementaires, ministres, collaborateurs, vous travaillez dans l'ombre ou dans la lumière et vous donnez le meilleur de vous-même pour faire reculer les inégalités et du fond du coeur je voulais vous en remercier. 

Chers amis, chers camarades, je ne veux pas esquiver le sujet. Ces dernières semaines nous avons traversé des moments difficiles. Il y a eu des démissions, des suspensions, des exclusions et croyez-moi, ce n'est jamais de gaîté de coeur que l'on prend de telles décisions. Mais quand vous m'avez élu à la présidence du parti je vous l'ai dit : nous devons, nous socialistes, être absolument exemplaires dans l'ensemble de nos comportements. Et en tant que président, je l'avais indiqué : je serai intraitable en ce qui concerne le respect des normes et des principes éthiques. Parce que quand on défend les plus fragiles, comme nous le faisons, quand on défend celles et ceux qui sans nous seraient oubliés, on a le devoir, plus encore que tous les autres, d'être irréprochables. Nous vivons dans un état de droit, et le principe de la présomption d'innocence doit être constamment réaffirmé, mais nous vivons aussi dans une société qui ne tolère plus, et à juste titre, aucune infraction au principe de la morale publique. Et parfois nous devons pour conserver notre force politique, pour pouvoir continuer à nous battre pour toutes celles et tous ceux qui nous ont fait confiance, parfois nous devons prendre des mesures préventives qui ne préjugent en rien de la culpabilité mais qui rappellent notre attachement indéfectible aux règles éthiques les plus exigeantes. 

C'est, j'en suis convaincu, cette fermeté, cette rigueur, qui nous permet de continuer à affirmer les exigences morales que nous portons comme socialistes. Parce que nous sommes socialistes nous nous dressons contre toutes les injustices où qu'elles s'expriment. Nous nous battons contre les inégalités sans relâche. Et ces trois dernières années, malgré des circonstances difficiles, nous avons tenu les engagement que nous avions portés en 2019 et nous avons honoré la confiance que les citoyennes et les citoyens en Wallonie et à Bruxelles nous avaient très largement octroyée. Ce n'est jamais par hasard si le Parti socialiste, élection après élection, est le premier parti en Wallonie et à Bruxelles et si cette position de premier parti nous est sans cesse confirmée. C'est parce que nous tenons nos engagements. 

Nous avons constamment uni nos forces avec nos camarades socialistes du Nord. Ensemble, socialistes, nous avons défendu tous les engagements que nous avions pris devant les électeurs.

Nous avions promis de refinancer les soins de santé et les services publics et nous avons tenu nos engagements avec plus de 4 milliards de financement supplémentaires sur une législature.

Nous avions promis de relever le salaire minimum et ce fut chose faite pour la première fois depuis douze ans. 

Nous avions promis de préserver l'indexation des salaires et nous avons là-aussi tenu parole. Ne l'oubliez pas ! Que personne ne l'oublie ! Chaque fois que nous sommes renvoyés dans l'opposition les libéraux font des sauts d'index et les travailleurs perdent des dizaines de milliers d'euros. 
En réalité l'indexation des salaires n'est pas si automatique qu'on le dit, elle n'est effective que lorsque nous, socialistes, nous sommes là pour la protéger. On devrait d'ailleurs l'appeler non pas l'indexation automatique des salaires mais l'appeler par son vrai nom : l'indexation socialiste des salaires car il n'y a que quand nous sommes là que ses principes sont respectés. C'est un mécanisme qui est devenu presque unique au monde. Mis en place il y a un siècle par un ministre socialiste du travail, Joseph Wauters, et qui est aujourd'hui protégé par un autre ministre socialiste du travail, Pierre-Yves Dermagne. Nous la protègerons contre vents et marées. 

Nous avions promis de relever la pension minimum et là aussi nous l'avons fait. En 2019, la pension minimum pour une carrière complète en Belgique était de moins de 1300€. On ne peut pas vivre dignement avec 1300€ par mois. Elle sera l'année prochaine au-delà de 1700€ par mois. C'est la plus forte hausse de la pension minimum depuis que la pension a été mise en place, il y a un siècle.

Nous avions promis aussi, et ça n'est pas toujours facile, mais c'est notre fierté, de relever toutes les plus basses allocations, tous les revenus de remplacements pour soutenir les travailleurs qui sont privés de leur emploi, pour qu'ils puissent vivre dignement. Et là aussi, nous l'avons fait. Les revenus de remplacement auront augmenté de plus de 20% et même de plus de 40% pour les personnes porteuses de handicap sous cette législature.

Pour la première fois depuis plus de 20 ans, la pauvreté recule en Belgique. Certains d'ailleurs trouvent que l'on en fait trop pour celles et ceux qui ont perdu leur travail. Mais nous, nous le savons parce que nous le vivons au quotidien, nous savons qu'il n'y a rien de pire que de vivre chaque jour dans l'inquiétude du lendemain, de ne pas savoir comment on va payer son loyer, son énergie, de devoir renoncer à se soigner, de se dire qu'on ne pourra peut-être pas payer les excursions scolaires, il n'y a rien de pire que de vivre sous cette angoisse permanente de la pauvreté et non, on n'en fait jamais trop contre la pauvreté, ni contre la maladie, ni contre le handicap.

 Nous avions promis aussi de rompre avec l'austérité. Et nous avons investi massivement dans les services publics, dans le non-marchand, dans la rénovation de nos infrastructures, dans l'isolation des écoles, des bâtiments publics, des logements. C'est comme cela qu'on fait avancer une transition écologique qui profite à tous, et pas seulement à quelques-uns. 

Nous avions promis de continuer à étendre les bénéfices des biens essentiels à tous et nous avons fait progresser la gratuité des transports en commun en Wallonie et à Bruxelles, les repas gratuits dans les écoles, la construction, la rénovation de logements sociaux; ça aussi c'est la manière d'atteindre une écologie populaire et qui profite à tous.

Nous avions promis de renforcer les droits des travailleurs comme nous le faisons depuis plus d'un siècle et nous avons arraché le droit à la formation pour tous, le doublement du congé de paternité, le droit à la déconnexion, la protection des travailleurs de l'économie de plateforme, les territoires zéro chômeurs, le statut d'artiste, le sauvetage des emplois du non-marchand, tout ça nous l'avons fait sous cette législature. 

C'est cela, chers amis, chers camarades, notre marque de fabrique depuis toujours. 

Lorsque nous demandons aux citoyens leur confiance, nous leur disons clairement quels combats nous allons menuer, comment nous allons faire reculer les inégalités et les discriminations. Et quand les citoyens nous accordent leur confiance (et ils le font souvent). Nous prenons nos responsabilités. Même quand c'est difficile. Et nous nous battons pour traduire nos promesses en actes au profit de tous. Nos engagement d'aujourd'hui ce sont nos combats de demain et nos conquêtes d'après-demain et la gauche authentique, la seule gauche authentique, c'est la gauche qui a le courage d'assumer ses responsabilités et qui au-delà des belles paroles se bat tous les jours sur tous les terrains pour changer le monde. 

Et c’est ce que nous allons continuer à faire, tout au long de l’année 2023. Certains sont déjà en campagne, multipliant chaque jour provocations et agressions, attaques personnelles, tweets vengeurs et petites phrases au picrate. Nous, nous sommes encore pleinement au travail, et nous le serons jusqu’au dernier jour de la législature. 

Nous allons dans les mois qui viennent, continuer à nous battre d’abord pour remettre les prix de l’énergie sous contrôle. Face à l’explosion des prix, nous avons agi dans l’urgence, pour protéger les ménages. Grâce aux socialistes, la TVA sur le gaz et l’électricité est passée de 21 à 6% ; le nombre de bénéficiaires du tarif social a doublé ; des réductions sur factures ont été accordées à tous, pour le gaz et l’électricité, mais aussi pour le mazout et les pellets ; les fonds sociaux de l’énergie ont été refinancés. 

Grâce aux socialistes, les surprofits des géants de l’énergie sont taxés, et l’on reprend le contrôle de la production d’électricité nucléaire. Il faut maintenant achever le travail, rendre ces mesures définitives, et les cibler mieux encore vers celles et ceux qui en ont véritablement besoin. Parce que l’énergie est un bien essentiel, que se chauffer, s’éclairer, préparer son repas et laver son linge, ce ne sont pas des luxes, mais des nécessités élémentaires. 

Au cours des prochains mois, nous allons aussi continuer à nous battre pour que les travailleurs profitent mieux du fruit de leur travail. L’indexation des salaires protège les revenus, et des dizaines de milliers de travailleurs bénéficient de la hausse du salaire minimum. Mais il faut aller plus loin. Nous voulons, cette année encore, réaliser une grande réforme fiscale, pour soutenir tous les travailleurs qui ont des bas et moyens revenus.

La droite ne cesse de nous dire qu’il faut mieux récompenser le travail. Nous sommes parfaitement d’accord. Depuis que le socialisme est né, nous nous battons pour améliorer les conditions de vie des travailleurs. Et nous avons aujourd’hui la possibilité de vérifier si la droite est sincère quand elle prétend défendre les travailleurs et la classe moyenne. Nous avons, nous socialistes, déposé des propositions simples et claires : nous voulons diminuer les impôts sur les bas et moyens salaires, pour que des millions de travailleurs gagnent entre cent et deux cents euros nets de plus chaque mois. Et pour financer cette grande réforme, nous proposons d’intensifier la lutte contre la fraude fiscale et de taxer davantage les grands patrimoines. Et croyez-moi il y a de la marge ! 

Nous avons commencé à taxer les fortunes, nous sommes d’ailleurs avec le Danemark le seul pays à avoir remis en place une taxe sur la fortune mobilière, qui rapporte déjà un demi-milliard d’euros tous les ans. Nous proposons de relever les taux, pour tous ceux qui ont un patrimoine financier de plus d’un million d’euros, et de collecter ainsi deux milliards supplémentaires. Nous proposons aussi d’établir un principe de transparence bancaire absolue, et d’engager des centaines de policiers, de magistrats et d’inspecteurs pour lutter contre la fraude fiscale et la délinquance financière. 

Selon les instances européennes, plus de mille milliards d’euros échappent chaque année à l’impôt en Europe, et cela représente plus de vingt milliards à l’échelle de la Belgique. Même si l’on n’en récupérait, dans un premier temps qu’un quart, on pourrait financer une vaste réforme fiscale et même, au passage, supprimer l’infâme statut de cohabitant.

Nous allons voir si les libéraux sont sincères quand ils prétendent mieux récompenser le travail. Nos propositions sont déposées, elles permettent de relever les salaires de millions de travailleuses et de travailleurs, en ne faisant contribuer que les fraudeurs et les grandes fortunes. Mesdames et messieurs les libéraux, si vos propos sont honnêtes, votez nos propositions. Et sinon vous aurez fait la démonstration que vous ne défendez en réalité que les plus nantis, et les citoyens, croyez-moi, sauront s’en souvenir. Je vous donne donc rendez-vous, dans quelques semaines, pour une grande épreuve de vérité politique.

Chers amis, chers camarades, nous vivons une période troublée. La résurgence de l’extrême droite, aux États-Unis et au Brésil, en Pologne et en Hongrie, en Suède et en Italie, et chez même nous, ici, dans le Nord de la Belgique, en est le terrible symptôme. Nous ne sommes pas à l’abri du pire, l’histoire hélas, nous l’a souvent montré. Mais il n’y a pas non plus de fatalité. Les crises de ces dernières années ont rappelé combien nous avons besoin des services publics et de la protection sociale, elles ont révélé le courage et la force du personnel soignant et de tous les travailleurs essentiels à la cohésion de la société. C’est là-dessus que nous allons bâtir, ensemble, tout au long de cette année 2023, et nous ferons la démonstration, une fois de plus, que nos valeurs de justice et de solidarité sont plus nécessaires que jamais, et que nous, les socialistes, nous prenons toujours nos responsabilités, pour protéger les plus fragiles, et faire progresser la solidarité au profit de tous. 

Merci déjà, chers amis, chers camarades, pour votre travail, jour après jour, tout au long de cette année qui commence. Que 2023 soit, pour chacune et chacun d’entre vous, une année de combats et de joies partagés ! Bonne année, à toutes et à tous, et vive le socialisme !

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